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Race for the Reichstag - 15.01.2018

 
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dynamo59
Maréchal
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MessagePosté le: Mar Jan 16, 2018 2:16 pm    Sujet du message: Race for the Reichstag - 15.01.2018 Répondre en citant

dans les semaines qui viennent... et pour donner un peu d'ardeur aux potentiels participants de notre Méga de Septembre, je vous propose une lecture de l'excellentissime Race to the Reichstag de Tony le Tissier, dernier commandant des forces Britanniques de Berlin et expert reconnu sur le sujet de la chute...

Je vais vous proposer une lecture chapitre par chapitre, en commençant évidemment par le premier.. Cavaet.. l'ensemble a été écrit au début des années 2000.. et les descriptions du Berlin contemporain sont loin de la ville d'aujourd'hui..

Si les modérateurs et admin considèrent que ceci n'a pas sa place sur ce forum, je cesserai évidemment immédiatement ..

Bonne lecture

1. L’OBJECTIF

A l’heure où nous rédigeons ces lignes, le Reichstag n’est qu’une vaste coquille vide, creuse et dépourvue de toit, encastré dans des échafaudages de protection, tandis qu’il subit les transformations qui en feront dans un futur proche le siège du Parlement Fédéral Allemand le Bundestag, sous la conduite d’une équipe d’ingénieurs Britanniques, afin que, au début du nouveau siècle, Berlin regagne sa position de capitale de l’Allemagne réunifiée. Quelque temps avant que sa transformation ne commence, le bâtiment avait été transformé en objet d’art par le sculpteur Christo qui l’avait enrobé dans un tissu argent, attirant des centaines de milliers de visiteurs à ce spectacle extraordinaire.
La dernière fois que le Reichstag avait ainsi attiré des visiteurs en tel nombre, ce fut en 1945, lorsqu’il devint le point de convergence de tous les soldats alignés par six armées Russes convergeant vers lui. Les ouvriers à l’œuvre dans le bâtiment ont nettoyés les derniers graffitis en cyrillique, le bâtiment conservant toutefois les marques extérieures des bombardements, obus et fusées de toutes sortes, ainsi que des projectiles de petit calibre qui lui labourèrent les flancs.
Pourquoi les soviétiques choisirent-ils le Reichstag comme objectif de leur offensive sur Berlin ? Cette question a longtemps hantée les historiens. En 1945, cela fait plus de douze ans que ce bâtiment n’est plus qu’une coquille vide et calcinée, sans aucune signification pour le régime Nazi. En effet, à part l’inscription sur son fronton « Dem Deutschen Volke » - Au Peuple Allemand – ce bâtiment avait été achevé en 1894 par l’architecte Paul Wallot, et pouvait être interprété comme le symbole du nouvel état Impérial Allemand, le dôme central représentant la couronne Impériale, et les quatre tours aux coins les quatre royaumes, Bavière, Prusse, Saxe et Würtenberg que le second Reich avait annexé à ses territoires. Le Kaiser régnait via ses ministres, qui n’étaient aucunement responsables devant le Parlement, dont l’autorité était de ce fait sévèrement limitée, malgré quelques tentatives démocratiques de sa part. La défaite allemande de 1918, l’abdication du Kaiser et la révolution qui s’en suivit laissèrent l’Allemagne orpheline, totalement inexpérimentée dans l’art de la démocratie, et livrée à elle-même dans les soubresauts de la république de Weimar. Peu de temps après l’accession de Hitler au pouvoir en 1933, le Reichstag fut dévasté par un incendie, que les Nazis mirent au crédit des Communistes, leurs ennemis politiques, bien qu’il soit désormais quasi certain que ce sont eux qui l’allumèrent. Hitler utilisa cet incident pour demander une augmentation de ses pouvoirs au Président Hindenburg, ce qui lui permit de faire arrêter tous ses opposants et de les faire interner dans des camps de concentration. Les fenêtres et accès de l’édifice ravagé par l’incendie furent murées pour raison de sécurité, le Parlement élisant domicile dans l’Opéra Kroll sur la Königsplatz (Place de la république). Il reste que les Nazis avaient certainement planifiés la réhabilitation du bâtiment, telle que voulue par Albert Speer pour le Berlin du Reich Millénaire de son Führer bien aimé, réduit à l’état de nain en comparaison des Grande Halles et vastes palaces qui devaient entourer la Königsplatz. Les travaux de ce projet grandiose avaient déjà commencés comme nous le verrons par la suite dans ce récit.
Quoiqu’il en soit, pour les Soviétiques, le mot seul « Reichstag » avait finit par revêtir la même symbolique que celui de Kremlin pour les allemands, personnalisation du pouvoir Nazi, le nid de la bête fasciste qu’il leur fallait détruire.
En tant qu’objectif militaire, le Reichstag était pratique du fait de sa forme et de sa taille, ainsi que par la nature isolée du bâtiment , quelque soit l’état de dégradation des immeubles environnants, quelque soit la quantité de gravats et autres débris jonchant les rues, le bâtiment lui-même restait clairement identifiable.
Il a été dit que le cri de guerre « Au Reichstag » avait été poussé pour la première fis après la grande bataille de chars de Koursk en Juillet 1943. En 1945, le Reichstag devient le prix convoité des vainqueurs, l’acquisition qui signifiera la fin de la Grande Guerre Patriotique qui avait dévastée leur pays.
Le Généralissime Joseph Staline avait promis à son chef d’état major général le Maréchal Georgi Konstantinovitch Joukov que son Premier Front de Biélorussie prendrait Berlin, et c’est ce que Joukov attendait de l’ « opération Berlin » telle qu’elle fut discutée et approuvée au début Avril cette année là à Moscou. Toutefois, à la dernière minute, Staline avait effectué une altération importante au plan. L’état major général avait dessiné la limite opérationnelle entre le Front de Joukov et le Premier Front d’Ukraine du Maréchal Ivan S. Koniev entre Guben sur la Neisse, via Michendorf vers Schönebeck sur l’Elb ; toutefois, en réponse aux suppliques de Koniev- avec lequel l’état major était d’accord - Staline avait secrètement effacé la limite au delà de Lüben, rendant virtuellement les commandant d’unités libres de leurs actions au delà de ce point.
C‘était aussi pour Staline une occasion d’exploiter la rivalité qui opposait ses deux Maréchaux afin de maintenir sa propre suprématie sur l’Union Soviétique en tant que Leader incontesté et pourvoyeur de victoire. Les deux Maréchaux, Joukov en particulier étaient trop populaires à son goût et devaient quelque peu être rabaissés. Staline pouvait se permettre de jouer l’un contre l’autre tout en planifiant le monde d’après-guerre dans lequel l’Union Soviétique ne devait pas jouer une place dominante qu’en Europe, mais dans le Monde entier. C’est pourquoi il pouvait se permettre de transformer l’Opération Berlin en une course à la gloire entre ses deux Maréchaux rivaux, tout en conservant les reines en main 1.
Dès 1942, Staline avait essayé de contenir Joukov et avait chargé Viktor S. Abakumov, chef du Département Spécial (plus tard le SMERSH) de collecter des preuves utilisables contre Joukov. Bien que techniquement le Département Spécial ait été placé sous la direction du Ministère de l’intérieur de Lavrenty Berya, Abakumov avait accès direct à Staline, sans avoir à passer par son chef. Abakumov commença par arrêter un ancien chef des opérations de Joukov lors de la bataille de Moscou, mais ne put rien en tirer. Malgré cet échec, Abakumov persista dans cette voie, ceci au vue et au su de Joukov, investiguant la période pendant laquelle ce dernier avait été virtuellement rétrogradé au grade de commandant de groupe d’armée en 1944 après avoir été le coordinateur de groupes de fronts. Ceci couplé au fait que ses relations avec Staline étaient plus que tendues constituaient des signes alarmants à ne pas ignorer2.
Quelqu’en soit la cause, la façon dont Joukov se chargea de l’assaut contre les hauteurs de Seelow, en ouverture de l’Opération Berlin le 16 avril fut nettement en dessous du par. Plutôt que de percer les lignes allemandes le premier jour afin de permettre à ses deux armées blindés de déployer leur mouvement standard en pince sur Berlin, il s’acharna à attaquer de front les lignes défensives de la 9ème armée du Général Theodor Busse, aiguillonné par les rapports de Staline, faisant état des avancées de Koniev contre la 4ème PanzerArmee du Général Fritz-Herbert Gräser au sud ; qui lui coûtèrent de grandes quantités de soldats et d’armement , absorbant ses dernières réserves.
Staline était tellement perturbé par le manque de succès de Joukov sur la route de Berlin qu’il ordonna au Maréchal Konstantin K. Rokossovsky de lancer son offensive immédiatement, deux jours avant la date annoncée. Le second Front de Biélorussie de Rokossovsky était en cours de re-formation et re-conditionnement après ses brillantes campagnes de Poméranie et Prusse Orientale, au matin du 18 avril, le front de Biélorussie tombait comme la foudre sur la troisième PanzerArmee du Général Hasso von Manteuffel entre Schwedt et Stettin. Ceci constituait une opération particulièrement difficile, englobant le franchissement des bras ouest et est de l’Oder, qui se trouvaient séparés par une étendue de deux miles de marécages noyés, bordés de digues 3. Sous ces circonstances, l’efficacité des soutiens d’artillerie se trouva fortement réduite, et la lourde tâche de soutenir l’offensive revint à l’aviation 4.
La phase initiale du franchissement des deux bras de l’Oder prit deux jours, ce ne fut donc pas avant le 20 Avril que les Soviétiques arrivèrent au contact des défenses allemandes, à ce moment, Joukov avait repris sa progression sur Berlin, une intervention depuis le Nord n’étant plus véritablement nécessaire. Bien que les opérations de Rokossovsky ne jouèrent à aucun moment un rôle crucial dans la prise de Berlin, ses succès empêchèrent la 3ème PanzerArmee d’intervenir dans le cours de la bataille pour Berlin, et contribuèrent à l’effondrement final des forces allemandes.
Dans le même temps, Koniev remportait une bataille de deux jours entre la Neisse et le cours supérieur de la Spree, mettant ses adversaires en déroute, qui se replièrent sur leur troisième ligne de défense sur le cours supérieur de la Spree, ou ils se concentrèrent sur les villes de Cottbus et Spremberg, qui disposaient des seuls ponts susceptibles de supporter les chars lourds. Les troupes de Koniev réussirent à localiser un gué non marqué par lequel deux armées blindés purent traverser le fleuve et se préparer à casser les reins des lignes allemandes encore virtuellement intactes.
Lors du rapport radio-téléphonique de la nuit du 17 avril ; Staline suggéra que les blindés de Joukov soient ré-orientés vers le sud afin de soutenir la poussée de Koniev. Koniev en profita pour avancer que ses tanks n’avaient qu’à être re-dirigés vers Berlin, après quelques tergiversations, Staline accepta. Le 1er Front de Biélorussie fut informé le lendemain de ce nouvel axe de déplacement, Joukov, de son côté pensant toujours que les troupes de Koniev ne dépasseraient pas Potsdam, comme cela avait été précédemment acté lors de l’entrevue de Moscou 5.
Toutefois, les ordres que Koniev produisit cette nuit là en confirmation des instructions verbales reçues incluaient les points suivants, qui confirmaient sa détermination à battre Joukov sur la route de Berlin :

En accord avec les ordres du Haut Commandement Suprème, j’ordonne :
1. commandant de la 3ème armée blindée de la Garde, dans la nuit du 17 avril45 l’armée passera la Spree en force et avancera rapidement dans la direction de Verschau, Golssen, Baruth, Teltow et les faubourgs sud de Berlin. La tâche de cette armée est d’isoler Berlin par le sud au plus tard dans la nuit du 20 avril 45.
2. commandant de la 4ème armée blindée de la Garde : dans la nuit du 17 avril 45, l’armée passera la Spree en forceau nord de Spremberg et avancera rapidement dans la direction de Drebkau, Calau, Dahme et Luckenwalde. Au soir du 20 avril 45, la zone comprise entre Beelitz, Treuen-brietzen et Luckenwalde doit être entre ses mains, et, dans la nuit du 20 avril 45, Potsdam et le sud ouest de Berlin devrait être aux mains de la 4ème armée blindée de la garde. En tournant vers Potsdam, l’armée devra s’assurer du secteur de Treuenbrietzen avec le 5ème corps mécanisé de la Grade. Des reconnaissances seront à effectuer en direction de Senftenburg, Finstenwalde et Herzberg.
3. l’avancée des chars se fera résolument et de façon audacieuse dans la direction principale de l’assaut. Il conviendra de contourner les villes et villages, ainsi que les communautés importantes, sans engager de choc frontal avec les poches de résistance. Je demande une stricte observance de ces ordres, le succès de notre arme blindée dépend de la vitesse et de l’impétuosité de la manœuvre.
4. Le point 3 doit être parfaitement acquis par les chefs de cors et de brigades 6.

Ce même jour – le 19 avril – Berlin vit la seconde vague de réfugiés de l’année sous la forme de colonnes sans fin, convergeant du sud et de l’est, cette vague provenant des villes et villages abandonnés dans les environs. Certains Berlinois commencèrent discrètement à évacuer la ville, cherchant un refuge ailleurs. Les routes autour de la capitale se trouvaient noyées sous des flots de réfugiés, le peuple allemand était jeté sur la route, ses objets de valeur empilés sur des charettes, vélos, brouettes et poussettes de toutes sortes, rendant les déplacements militaires et officiels particulièrement difficiles 7.

Ce jour fatal devait laisser une brèche de 19 miles de large dans les lignes allemandes entre Wriezen et Behlendorf, les restes de la 9ème Armee se trouvant coupés en trois poches. Au Nord, le CI Corps du général Friedrich Sixt, son flanc sud et ses arrière soudainement exposés fut obligé de se retirer sur une tête de pont autour de Eberswalde au sud du canal de Finow, ouvrant ainsi la voie à la 61ème Armée du Colonel Général P.A. Belov et à la 1ère Armée Polonaise du Général S.G. Poplowski 8. Au centre, leLVI Panzer Korps du General Helmut Weidling reculait vers Berlin et les seuls ponts qui pouvaient encore permettre de se reconnecter avec le gros de l’armée au sud, tout en causant de lourdes pertes à l’ennemi en route. Le commandement effectif du Général Busse se trouvait désormais réduit aux restes du XI. SS PanzerKorps du Général Mathias Kleinheisterkamp, de la garnison de Francfort sur l’Oder, sous les ordres du Colonel Ernest Biehler et du V SS corps de montagne sous le commandement du général SS Friedrich Jackeln, toutes ces formations se trouvant encore sur leurs positions défensives initiales. Hitler ayant ordonné de tenir la ligne de l’Oder, Busse était forcé d’adopter une position défensive en demi cercle, s’étendant initialement sur son flanc nord de Lietzen, Heinersdorf et Fürstenwalde, déplaçant son quartier général sur Speerwald, ou des milliers de réfugiés avaient déjà cherchés refuge dans les forêts et les marais. Cette nuit là, le V Corps du Lieutenant Général Wagner, se composant de la 21 Panzer, 35. SS Grenadier Polizei, 36. Grenadier, des 275. et 342. Divisions d’Infanterie fut rattachée à son commandement depuis la 4. PanzerArmee, un regroupement logique en quelques sortes 9.
Avec la permission de Hitler, les faubourgs orientaux de Frankfurt-an-der-Oder furent abandonnés aux soviétiques, de sorte que la garnison du Colonel Biehler puisse se concentrer sur des positions défensives dans la ville elle-même et sur la rive occidentale, ou elle continuera à se comporter vaillamment face à la 69. Armée soviétique10.
Au cours de cette journée, le Général Busse demanda officiellement à ce que la ligne avancée de défenses de Berlin soit dotée de tous les défenseurs possibles, afin de constituer une position de repli pour son front en cours d’effondrement. En conséquence, le Général Reymann, commandant de la zone de défense de Berlin reçut l’ordre de prélever dix bataillons du Volkssturm et une batterie du Régiment de la Garde « GrossDeutschland » dans ses maigres réserves et de les envoyer vers l’est 11. Dans un pathétique remake de la bataille de la Marne, ces maigres renforts furent acheminés vers les lignes de front en autobus et taxis réquisitionnés pour l’occasion. Dans son journal, à la date du 20 Avril, von Oven, un des fonctionnaires du ministère de la propagande de Goebbels écrivait :
« au cours de la nuit, la situation se détériora. Le Ministre était hystérique, lors d’une conversation téléphoniques avec le général Burgdorf il fit état de la futilité d’envoyer quatre bataillons de Volkssturm en renfort sur le Front de l’Oder et que le Führer devait maintenant décider si oui ou non ce n’était pas l’intégralité des forces de Berlin qu’il fallait envoyer sur le front. Il réalisa sans aucuns doutes possible que, si le front de la 9. Armee se trouvait percé, celle-ci ne pourrait plus être prise en compte pour la défense de Berlin.
La réponse du Führer arriva aux premières heures du jour le lendemain. Il fallait défendre Berlin en dehors des limites de celle-ci. Tous soldats et combattants disponibles dans Berlin devaient être envoyés immédiatement au front dans des convois de bus prévus à cet effet. Nos vœux les plus chers les accompagnant 12 ».


2. BERLIN

Le Grand Berlin, dont les limites furent établies en 1920, est une ville comparable en taille au Grand Londres, englobant quelques 884 kilomètres carrés, 37 kilomètres du nord au sud et 45 d’est en ouest, près de la moitié de cette surface se trouvant couverte de bois, lacs, parcs et champs.
Les façades noircies de Berlin abritaient encore les organes gouvernementaux de ce qui restait du Troisième Reich. C’est ici aussi que se trouvait Adolph Hitler, dont la dictature anéantie était clairement reflétée par l’état de sa capitale et de ses défenseurs s’apprêtant à rencontrer les forces armées soviétiques. En tant que siège du gouvernement et ville industrielle de pointe, Berlin avait, tout au long de la guerre été une des cibles principales des bombardements, et ceci malgré e fait qu’elle se soit trouvée aux limites de portée des bombardiers basés en Grande Bretagne, et bien souvent recouverte d’un épais manteau nuageux, obligeant les escadrilles alliées à pratiquer le bombardement aveugle. Ayant endurée un total de 450 raids aériens, Berlin devint la ville allemande la plus bombardée d’Allemagne, les R.A.F et U.S.A.F ayant largués un total de 42.517 tonnes de bombes et mines sur la ville.
La fréquence et la taille des raids avaient graduellement augmentés, à partir de la mi-février 45 Berlin fut l’objet d’un bombardement continuel, jours et nuits pendant 30 jours. Les dégâts furent colossaux au centre de l’agglomération ou le District Mitte subit 78% de destruction totale, tandis que celui du Tiergarten était détruit à 48%. Bien que les trois quarts de ces destructions aient étés occasionnées par le feu, la configuration en damier du réseau des rues empêcha la propagation des terribles incendies qui ravagèrent une grande partie des villes allemandes.
La population avant guerre de cette ville spacieuse de 4.321.000 habitants avait chuté suite aux évacuations, redéploiements en temps de guerre et pertes occasionnées par les raids aériens. Malgré l’afflux de réfugiés venants des provinces orientales au début 1945, la ville ne devait plus compter en Avril 1945 que deux à deux millions et demi d’habitants. Les bombardements seuls seraient la cause de quelque 500.000 morts, sans pour autant impacter le moral des survivants. En effets, la montée en puissance des attaques semble avoir conditionné les habitants à survivre dans les conditions les plus épouvantables, oubliant leur propre souffrance, et se préparant à la bataille à venir.1.
La conscription avait aussi permis aux autorités de la ville ainsi qu’aux organismes de défense civile de se préparer au pire. Suite à un certain nombre de raids particulièrement intenses, Joseph Göebbels,


Gauleiter de Berlin avait réussit à obtenir l’évacuation d’un million d’habitants, à faire fermer les écoles, réduisant ainsi le poids des « bouches inutiles ». Pour ceux qui restaient, des abris anti-aérien furent constitués, permettant de recueillir quelque 300.000 habitants. Toutes les caves adéquates furent renforcés, leurs sorties masqués par des murs de brique et des portes en acier. Des abris publics furent aménagés sous les gasomètres et autres constructions à fondation en béton, ainsi que dans les galeries latérales des stations de U-Bahn. Des abris massifs furent ensuite édifiés, avec des toits de près de un mètre d’épaisseur, se composant chacun de quelques 18 à 36 compartiments en fonction du modèle, et capables d’abriter plusieurs centaines de personnes 2.
Les principaux ministères furent eux aussi dotés d’abris, tel que celui situé sous le Ministère de la Propagande de Goebbels, situé de l’autre côté de la Wilhelmstrasse en face de la chancellerie de Hitler. Le Führerbunker, quand à lui, se trouvait sous l’ancien bâtiment de la chancellerie, protégé par des couches de sable et de béton, et connecté par un réseau de tunnels à d’autres bunkers situés sous la nouvelle chancellerie, permettant de protéger l’état major, les gardes du corps ainsi qu’un parc de véhicules.
La AlexanderPlatz abritait un grand abri à deux niveaux, accessible depuis le système du U-Bahn, un second abri de même nature se trouvait sous la Saarlandstrasse (Stersemannstrasse), un abri réservé aux diplomates et autres personnalités logées à l’Hotel Adlon se trouvant sous la Pariser Platz 3.
En plus de tous ces abris, on entreprit l’édification de trois énormes tours dans les parcs de Friederichshain, Humboldthain et celui du Tiergarten, tours à double emploi, permettant à la population de s’y réfugier, et fournissant des plate-formes surélevées pour la Flak. Ces tours de Flak massives constituaient de véritables forteresses, étant à l’épreuve des bombes et des obus, leurs murs ayant près de deux mètres d’épaisseurs, toutes les ouvertures étant couvertes de plaques d’acier. La plus grande de ces tours était celle du Tiergarten, haute de quarante deux mètres, et cinq étages. L’étage supérieur contenait les baraquements pour la garnison d’une centaine d’hommes, le quatrième un hôpital entièrement équipé essentiellement destiné aux VIPs, le troisième étage servait de réserve aux œuvres d’art évacués des musées Berlinois, les étages inférieurs abritant les services de la Deutschlandsender (la radio officielle), des cuisines militaires, cantines et dépôts, pouvant éventuellement abriter 12.000 personnes.
La tour était indépendante en terme d’eau et électricité, parfaitement ravitaillée en nourriture et munitions, apte à subir un siège. Malgré tout, une telle forteresse devait aussi avoir ses points noirs qui prenaient la force d’un fracas épouvantable se répercutant dans tous les étages du bâtiment dès que les pièces d’artillerie ouvraient le feu. De plus, au vue de la sécurité relative qu’offrait le bâtiment, il abritera toujours nettement plus de monde que ce n’était possible.
Chacune des trois tours d’artillerie était doté de huit batterie de 128mm sur affût double pour lesquels le radar, calculateur de distance et autres appareils électroniques se trouvaient montés sur une tour de contrôle adjacente de hauteur similaire mais de taille moindre, toutes les tours se trouvant en outre dotées de plate-formes équipées de 12 « poms-poms » de 20 et 37mms à multiples canons.
La tour de contrôle du Bunker du Tiergarten, qui se trouvait placée en face de ce denier, mais de l’autre côté du canal de Landwehr abritait le quartier général de la première division de Flak « Berlin » et était destiné à servir de centre de communication pour les défenseurs.
La ville de Berlin était parsemée de positions de Flak, généralement placés sur les toits plats des bâtiments, , ces dernières positions allant se révéler particulièrement importantes en tant que postes de commandement et d’observation dans la bataille à venir.
Toute l’artillerie anti-aérienne alignée par la Luftwaffe dans la ville de Berlin appartenait à la 1. Division de Flak « Berlin », formation totalement indépendante de la garnison militaire de la ville. A l’origine, la Flak Berlin, comme on l’appelait alignait quelques 500 batteries, toutefois, une grande partie de celles-ci seront retirées de la ville afin d’aller renforcer les défenses de l’Oder, tout ce qui reste fin Avril, ce sont les pièces montées dans les tours, ainsi que quelques batteries disséminées par ci par là dans la ville de Berlin. A l’entrée du Tiergarten, près de la maison Shell se trouvait une batterie relativement importante, une autre sur la Königsplatz (platz der Republik), juste devant le Reichstag, une sur la Königin-Luise-Platz, en dehors du jardin botanique, une autre sur le Grunewald, ainsi qu’un groupe autour de l’Aéroport de Tempelhof. Ces batteries de Flak pouvaient fournir un soutien de taille lors d’une bataille terrestre, tant en qualité que pièces anti-aérienne qu’antichars. Malheureusement pour les défenseurs, depuis février 1943, ce sont des écoliers de 12 –13 ans qui servent ces pièces à la place des artilleurs réquisitionnés pour servir ailleurs, ces jeunes garçons assistés des Luftwaffehelferinnen (auxiliaires féminines) chargées de manier les projecteurs, radars et autres systèmes de communication. Généralement, dès que ces adolescents atteignaient l’age de 17 ans, on les transférait au Reichsarbeitsdienst ou directement à la Wermacht, toutefois, à compter de janvier 1945, un certain nombre de ces jeunes seront laissés en service dans les tours de Flak, afin de les servir de façon optimum 4.
Le Quartier Général de la Garnison de Berlin se trouvait traditionnellement localisé en face de la Zeughaus (l’arsenal) sur Unter-den-Linden, et servait à administrer une masse d’unité de toute sorte, des unités de la Police militaire, chargées de traquer les déserteurs et pillards, plusieurs bataillons de troupes sous-équipées chargées de la garde de divers bâtiments, ponts et points sensibles, ainsi que des dizaines de milliers de prisonniers de guerre et de travailleurs esclaves employés dans la ville, quelques unités pénales, un bataillon de pionniers, ainsi que deux bataillons du Régiment de Garde « Grossdeutschland ». Ces unités de la garnison serviront aussi au nettoyage des rues après chaque raid aérien ennemie. La garnison fera partie de la Wehrkreis (zone militaire) III, administré en temps de paix par le Haut commandement du III. Corps et par un quartier général situé sur le Hohenzollerndamm une fois que le III. Corps parti à la guerre. Le commandement du III.Corps échoua par la suite à l’Armée de l’Intérieure, dont le commandement avait été confié à Heinrich Himmler, Reichsführer-SS après l’échec du Putsch du 20 juillet 1944 5.
Au début de Février 1945, Hitler déclara Berlin « Festung » (forteresse), ordonnant par là le renforcement, ravitaillement et redéploiement tactique de la garnison, en vue de la préparation de la défense de la cité, sans pour autant avoir assigné aux unités individuelles des tâches précises. Dans le même temps, le commandant en chef du III. Corps était devenu commandeurs de la zone de défense de Berlin, aboutissement logique des choses, le Wehrkreis III étant virtuellement anéanti. Toutefois, pour des raisons variés, y compris deux rapides changements de commandants, et l’envoi de plusieurs unités renforcer la ligne de front, ce n’est qu’après le jour au cours duquel le Lieutenant Général Hellmuth Reymann , auparavant général commandant la 11. D.I. remplaça son prédécesseur malade, le Lieutenant-Général Bruno Ritter von Hauenschild, le 8 mars qu’un plan pour la défense de la ville en tant qu’entité individuelle commença à voir le jour. A ce stade, Hitler avait garanti à Reymann que ses besoins en effectif et matériel seraient remplis, y compris au détriment des unités alignées sur l’Oder ; Reymann imaginant que ces troupes viendraient du Groupe d’Armée Weichsel (Vistule) sur le front de l’Oder 6. Hitler annonça aussi à cette occasion qu’il allait quitter Berlin, et qu’en conséquence son FührerBunker servirait de poste de commandement à Reymann 7.
Le Général Reymann avait toutefois considéré comme double nomination comme inexploitable, et, à sa demande, un second général fut nommé à la tête du Wehrkreis, ce dernier étant évacué quelques jours avant le début de la bataille de Berlin et ne prenant de ce fait aucune part active dans celle-ci. En tout état de fait, le personnel du Wehrkreis, retranché dans ses bureaux ne prenait aucune initiative favorisant le développement d’une véritable ligne défensive, se limitant à livrer une guerre de papier aux personnels du Quartier Général de la Zone de Défense, dont le statut inhabituel les plaçant directement sous les ordres du Führer leur permettait de contourner la chaîne de commandement et de ne pas informer leurs supérieurs hiérarchiques. Le Haut commandement de la Zone de Défense était à l’état embryonnaire lorsque le Colonel Hans Refior le rejoignit en tant que chef d’état-major le 20 mars, les ressources à sa disposition se composaient de :
• La 1ère division de Flak « Berlin », sous le commandement du Major-Général de la Luftwaffe Sydow, qui ne passera sous son commandement qu’une fois la bataille véritablement commencée ;
• Le régiment de la Garde « GrossDeutschland » se composant de deux demi-bataillons, soit neuf compagnies ;
• Un Bataillon de Territoriaux ;
• Un Bataillon de la Police Territoriale SS ;
• Une Compagnie de Panzer enterrés ;
• Une Compagnie antichar de Mark 1, chacun doté de six Panzerfaust ;
• Un Bataillon de Pionniers à deux compagnies, spécialisé dans les réparations de raids aériens ;
• Un Bataillon de Pionniers ad hoc à deux compagnies, formé de Pionniers isolés.
• Vingt Bataillons du Volkssturm de première catégorie ayant déjà étés rassemblés ;
• Vingt Bataillons du Volkssturm de second catégorie, à lever ; et
• Plusieurs batteries de canons capturés Yougoslaves et Belges, servis par des HitlerJugend à l’école de perfectionnement Döberitz 8.
Le plan de défense produit par le Major Sprotte, Officier Opérations du nouvel état-major - qui tenait en 35 pages d’un style totalement novateur et en aucun cas en rapport avec celui du Général Reymann – fut adopté en toute hâte. Le concept de base du plan était en grande partie influencé par la nature du terrain. La menace principale venait des blindés soviétiques, pour lesquels l’essentiel du terrain était praticable, au vue du grand nombre de routes, du terrain relativement stable, de rideaux d’arbres, permettant de couvrir les approches. Bien que les champs irrigués du nord est ainsi que les nombreuses digues, canaux et cours d’eau fournissent de bons obstacles antichars, seuls le lac de la Havel à l’Ouest, la Spree traversant le centre ville et la Müggelsee et le fleuve Dahme au sud est pouvaient être considérés comme de sérieuses barrières naturelles. A une distance approximative de 40 kilomètres du centre ville, une ceinture de bois et lacs, s’étendant de la rivière Alte Oder aux environs de Bad Feierwalde au sud de Königs Wusterhausen sur la Dahme offrait une position défensive facilement adaptable.
Le système reprenait des idées avancées par Hitler et Goebbels et consistait, par nature en :
1. une ligne de défense avancée à l’Est, utilisant la chaîne d’obstacles naturels entre la Dahme et la Alte Oder, s’étendant sur environ 80 kilomètres.
2. Une ceinture d’obstacles bloquant les grands carrefours routiers au nord et au sud de la ville.
3. Un périmètre de défense extérieur, se trouvant plus ou moins sur le pourtour de la ville de Berlin, avec des positions de repli déjà préparées.
4. Un périmètre de défense intérieur, basé sur le tracé du S-Bahn (métro souterrain).
5. Une « forteresse intérieure », la Zitadelle, dont le périmètre est basé sur l’île constituée par la Spree et le canal de Landwehr, avec des bastions externes « Ost » et « West » autour de l’Alexanderplatz et de la Knie (Ernst-Reuter-Platz) respectivement, regroupant les principaux ministères et la chancellerie du Reich.

La zone comprise entre le périmètre défensif extérieur et la « Zitadelle » était divisé, dans le sens des aiguilles d’une montre en huit secteurs défensifs, nommés de « A » à « H », les défenses organisées en profondeur dans chacun de ces secteurs. Chacun d’eux se voyait placé sous l’autorité d’un Commandeur ayant rang de général de Division.

Secteur A Lieutenant-Colonel Bährenfänger
Secteur B Colonel Clausen
Secteur C Colonel Mootz
Secteur D Major-Gén. Scheder (Luftwaffe)
Secteur E Lieutenant-Colonel Römhild
Secteur F Colonel Eder
Secteur G Colonel Schäfer
Secteur H Lieutenant-Colonel Rossbach
Secteur Z Lieutenant-Colonel Seifert 10.

La préparation des défenses présenta un travail Herculéen. Le chef de corps des Pionniers ne disposait que d’un Bataillon à sa disposition, de ce fait, le Général Reymann, avec l’autorisation de Göebbels détacha deux bataillons du Volkssturm à ce rôle. Les groupes de travail étaient commandés par des chefs du parti qui, malgré des difficultés énormes réussirent, quotidiennement à rassembler 70.000 travailleurs dans les jours qui précédèrent la bataille. En plus des personnels de l’Organisation Todt (service du génie civil) et du Reicharbeitsdienst (service du travail), qui étaient les seuls à être équipés convenablement en terme d’outils et équipements, les soldats, civils, prisonniers de guerre et autres travailleurs-esclaves furent employés. Bien que le nombre de 70.000 hommes puisse paraître faible comparé à la taille de la population, il faut garder à l’esprit que les nombreuses usines de la ville étaient encore maintenue à plein régime nuit et jour, et cela jusqu’à la dernière minute. La pénurie d’essence va toutefois poser un problème majeur en terme de transport, les mouvements des travailleurs étant dépendants essentiellement des chemins de fer et métro, constamment perturbés par les bombardements aériens, il ne resta bientôt plus que les chariots pour transporter les matériaux et autres ustensiles nécessaires. La pénurie frappe aussi les outils, le barbelé, les clous et mines antichar, le facteur temps empêchant l’utilisation de béton armé pour la construction de positions défensives. Le manque de superviseurs disposant de connaissances dans les divers domaines nécessaires à la fortification d’une cité rendirent de nombreux efforts inutiles, voire handicapant pour leur propre camp. L’essentiel des efforts reste centré sur l’édification de Zitadelle dans le centre-ville, les fortifications se faisant de moins en moins efficaces au fur et à mesure de l’éloignement du centre, les troupes assignées à ces secteurs et périmètres correspondant à ce schéma 11.
La ligne de défense avancée présentait une sorte de barrière naturelle, quelques positions de campagne étant établies par endroit aux points critiques, sous la garde de troupes de la Luftwaffe ou du Volkssturm, manquant cruellement des armes et de l’entraînement en conséquence, rendant toute notion de défense acharnée totalement illusoire. Les troupes du Front de l’Oder auraient pu faire meilleur usage de leur terrain et des facilités mises à leur disposition, malheureusement, les circonstances allaient en décider autrement 12.
La ceinture d’obstacle se composait d’une série de barrages routiers positionnés aux carrefours sur les routes joignant Schmöckwitz avec Königs Wusterhausen et l long de la Reichstrasse 246 vers Beelitz au sud et la Reichstrasse 273 de Strausberg vers Bernau au Nord. Chaque barrage routier se trouvait couvert par des positions défensives destinées à accueillir un peloton du Volkssturm équipés d’armes d’infanterie et antichars, toutes les zones habités entre la ceinture d’obstacles et le périmètre extérieur de défense se trouvant dotés de soldats du Volkssturm. Du fait de la nature du terrain toutefois, la majorité de ces positions pouvait facilement être contournée voire être anéantie à volonté 13.
La première véritable ligne de défense commençait sur le périmètre de la ville de Berlin avec le cercle de défense externe. Celui-ci s’étendait sur 95 kilomètres et ne pouvait évidemment être doté de défenses efficacement à tout endroit ou cela s’avérait nécessaire au vue du manque chronique de combattants et d’équipement. Au nord, cette ligne suivait la ligne du Nordgraben, un cours d’eau sans aucune espèce d’intérêt stratégique, du Port de Tegel jusqu’à Blankenburg, excluant de ce fait toute la partie nord des faubourgs A partir de cet endroit, elle s’incurvait vers Hohenschönhausen, ou elle se trouvait bordée par une étendue de champs d’épandage, jusqu’à la ligne de S-Bahn qu’elle suit à partir de là jusqu’à Biesdorf et Mahlsdorf et aux limites extérieures de Berlin, avant de couper au sud jusqu’à la Müggelsee. De l’autre coté du lac, la ligne franchit l’isthme boisé de la Dahme, reprenant l’entrée orientale du canal de Teltow, qu’elle suit à partir de là jusqu’au pont de Wrede. Elle suit ensuite la Köpenicker Strasse / S-Bahn / Wildmeisterdamm jusqu’à la route latérale majeure joignant Bockow et Marienfelde, puis vers le Canal de Teltow au Pont Eugen-Kleine. La ligne à partir de là continue vers l’ouest, protégée par l’eau jusqu’au Glienicker conduisant à Potsdam, puis tournant vers le nord et la Sakrower See et la Gross-Glienichker See (lacs), pour dépasser Staaken, avant de tourner vers l’est dans les faubourgs nord de Spandau pour se terminer sur la Havel en face de l’entrée de la Tegeler See 14.
Les positions de repli à l’ouest permettaient un recul derrière la Havel, si les aérodromes de Gatow ou Spandau devaient être abandonnés, de bateaux étant placés en position pour assurer l’évacuation de la garnison de Gatow. A l’est, les positions de repli suivaient la ligne de la Wulhe, un petit cours d’eau coulant vers le nord depuis Köpenick. Au sud, le canal Teltow servait de position de repli, tout comme le canal Hohezollern au nord.
Les défenses le long du périmètre extérieur consistaient essentiellement en un maigre dispositif de tranchées, avec quelques positions fortifiés placées à intervalle régulier, chaque route manant à la ville se trouvant toutefois solidement barricadée sur cette ligne, des positions défensives couvrant ces barricades, y compris quelques chars obsolètes enterrés. Une digue antichar continue masquait les faubourgs sud et est, vingt batteries d’artillerie se trouvant disséminées sur le périmètre, plus quelques éléments mobiles de Flak.
Le périmètre défensif intérieur s’étendait sur environ 48 kilomètres et se composait de positions nettement plus puissantes basés sur les obstacles constitués par la S-Bahn et les lignes de chemin de fer convergeant vers les gares centrales de Berlin. Ce réseau de voies parallèles, s’élevait parfois sur de vastes pilons, descendait parfois dans des grandes dépressions, fournissant un certain nombre de remparts naturels, digues antichar et autres glacis, permettant aux défenseurs abrités dans les bâtiments alentours de disposer de solides champs de tirs sur tout le périmètre. A nouveau, toutes les routes franchisant cet obstacle seront solidement barricadées. Elles étaient couvertes par des positions antichar enterrées, ou des canons antiaériens de 88mm, ces derniers étant depuis longtemps devenus légendaires en terme d’armement antichar 15.
L’étendue et la complexité des défenses dans chacun des secteurs dépendait largement des connaissances et aptitudes des commandants locaux. Le schéma directeur qui fut, pour une grande partie suivie prévoyait d’édifier une barricade à chaque carrefour principal, et de convertir tous les bâtiments importants en position fortifiée. Au même moment, les 483 ponts de la ville étaient préparés pour démolition, les premiers afin de transformer la ville en une sorte de labyrinthe, les seconds conservés jusqu’à la dernière minute 16.
Dans le périmètre défensif intérieur, les préparations étaient nettement plus élaborées. Les barricades dans les rudes secondaires ne permettaient que le passage de piétons, et celles des axes principaux étaient fermés au trafic de véhicules la nuit grâce à un mécanisme de sections amovibles. Des postes de mitrailleuses furent établis dans les caves et les étages supérieurs des bâtiments jouxtants ces barricades, des trous étant creusés dans les maisons afin de connecter celles-ci entre elles pour permettre le passage de cave en cave. Les tunnels du U-Bahn furent eux aussi barricadés à différents intervalles, des préparatifs furent effectués en vue de noyer ceux-ci.
Le secteur Zitadelle était particulièrement bien préparé, les arrangements autour de la Porte de Brandenbourg étant décrits comme un modèle du genre. Des canons et des chars, parmi lesquels le puissant « Tigre » furent enterrés en divers lieux du périmètre défensif, des tranchées étant creusés dans le Tiergarten.
Les communications devaient rapidement poser un problème crucial dans la conduite des défenses. La Flak disposait de son propre système, tout comme par la suite les unités de la line de front engagées dans les combats de rues, mais il n’y avait pas de radios disponibles pour la garnison improvisée, qui devait faire avec le réseau téléphonique civil, et l’utilisation de coursiers là ou le téléphone ne passait plus. Cette carence allait fatalement conduire à un manque de coordination entre secteurs et unités, à une absence de contrôle et à une confusion générale à tous niveaux 17.
La logistique n’était pas moins compliquée. Ce n’est qu’au début Avril que le Colonel de réserve von Hauenschild, ayant été responsable en son temps de la transformation de Breslau en « Festung » reçut l’ordre de faire de même pour Berlin en temps que Maître de camp de l’état major de Reymann. Il ‘y avait pas de réel problème concernant la nourriture, les stocks étant pleins dans la ville tant pour les civils que pour les militaires, bien que les distributions régulières soient bientôt sur le point d’être interrompues par les combats, ce qui faisait cruellement défaut, c’était les munitions après la prise de trois dépôts situés dans les faubourgs de Berlin aux toutes premières heures de la bataille. Les autorités militaires établirent rapidement un système de dépôts de munitions, rations, et vêtements dans plusieurs stations du U-Bahn, sans pour autant en faire profiter le Volkssturm, pour des raisons encore inconnues. Les Waffen-SS furent en tous points parfaitement équipés, ayant une fâcheuse tendance à conserver égoïstement leur ravitaillement au détriment des autres défenseurs. Toutes les organisations souffrirent d’une carence latente d’essence 18.
Le résultat final n’était pas, au sens propre et au figuré le « Festung » auquel on pouvait s’attendre.. Disposant des troupes adéquates, en nombre suffisant, le Général Reymann aurait certainement été à même de dessiner un plan faisable pour la défense de la capitale, les potentialités militaires pour y arriver n’existaient pas ou n’existaient plus. Les Leaders Nazis, quand à eux avaient une vision diamétralement opposée de la situation, Hitler se persuadait que les soviétiques, s’ils arrivaient à atteindre Berlin épuiseraient leurs forces dans ses ruines, un peu comme la VIème Armée de Paulus à Stalingrad. Si ce plan échouait, et que les Soviétiques l’emportaient, cela signifiait que les allemands n’étaient pas digne de leur chef, et méritaient le châtiment qui leur était infligé, comme dans la nature, seuls les forts survivraient 19.
Adolph Hitler, Führer du Troisième Reich et commandant en chef des forces armées allemandes était installé dans son nouveau Bunker de commandement, situé sous l’ancienne Chancellerie dans la Wilhelmstrasse depuis le 16 janvier 1945, ceci étant encore un secret fort bien gardé.. Les jours de grands messes lors de réunions du parti, tout comme ses apparences publiques étaient depuis longtemps révolus. Il n’avait pas été visiter une seule ville allemande afin de constater de visu les effets des bombardements alliés, et lorsque son train spécial était contraint de traverser l’une d’elles, il le faisait rideaux tirés. A part une visite au Quartier Général du CI Corps, le 3 mars 1945, il n’avait plus fait aucune apparition sur la ligne de front depuis une éternité. S’enfermant de plus en plus profondément dans son monde intérieur, il s’était progressivement détaché des réalités du monde dans lequel ses sujets vivaient, souffraient et mourraient ignorés 20.
Dans une atmosphère oppressive, faite du ronronnement permanent de l’air conditionné, d’une chaleur acre, les murs couverts d’humidité et de condensation, sans distinction entre le jour et la nuit, le dernier quartier général de Hitler souffrait en plus d’un manque chronique d’équipement radio. Ceci fut en partie dû à l’espace, extrèmement confiné du Führerbunker, bien qu’une réquisition des abris antiaériens sous le bâtiment de la nouvelle chancellerie du Reich aurait permis d’agrandir cet espace. Ainsi, les seuls moyens de communications à la disposition du Führerbunker étaient un standardiste, un transmetteur radio et un radio-téléphone. Ce dernier opérait via une antenne placée dans un ballon au dessus du Bunker, vers un relai monté à la Funkturm (tour radio) située à côté de la Adolph Hitler Platz (Theodor Heuss Platz) 21.
Pendant que le monde s’écroulait autour d’eux, les proches de Hitler continuaient leur manœuvres, discréditant les absents aux yeux de leur maître, se masquant la vérité les uns aux autres. Malgré la lente et inéluctable détérioration de Hitler, sa présence subjuguait la raison et annihilait toute volonté ; les militaires dans son entourage étant tout autant obséquieux que les civils 22. En permanence dans le Führerbunker on pouvait rencontrer le FeldMarshall Wilhelm Keitel, commandant en chef de l’Oberkommando-der-Wehrmacht (OKW) avec son quartier général à Berlin-Dahlem, agissant en principe comme chef d’état major et donnant les ordres au nom du Führer. Le chef d’état major de l’OKW, le Colonel-Général Alfred Jodl et le chef d’état major de l’Oberkommando-des-Heeres (OKH), le Général Hans Krebs étaient quand à eux obligés à un incessant va et vient entre la salle de conférence du FührerBunker et leurs quartiers généraux respectifs dans le vaste bunker appelé «Maybach I et II », situés à 32 kilomètres de Berlin dans la ville de Zossen-Wünsdorf 23.
Le commandant en chef de la Luftwaffe, celui qui fut le flamboyant Reichsmarshall Hermann Göring, blâmé pour un grand nombre d’erreurs de jugement dans le passé était désormais une figure discréditée, bien qu’il apparaisse encore de temps à autres aux conférences afin de monter sa loyauté à son Führer et contre-balancer l’influence de Martin Bormann, le secrétaire de Hitler, dont les intrigues avaient étés en partie responsables de sa chute 24.
Il était inévitable, au vue de la lourdeur de ‘appareil Nazi qu’un certain nombre d’officiels du Parti prennent part à la préparation de la défense de Berlin. Le plus important de tous était Joseph Göebbels, qui comme nombre de ses semblables avait, au long des années de lutte pour le pouvoir acquis une pléthore de responsabilité et titres envieux. Bien qu’il soit passé à la postérité en qualité de Ministre de la Propagande, il reste le Gauleiter de Berlin, et se trouvait en titre Commissaire du Reich pour la défense du Wehrkreis III (Berlin), disposant en cela des pleins pouvoirs potentiels en terme d’organisation de la défense de sa capitale. C’est à lui seul que les commandants des divers zones de défense de la capitale devaient faire leur rapport, non seulement en terme d’approbation des plans, mais surtout afin d’obtenir le nécessaire aval du parti pour la validation de ceux-ci.
Chaque Lundi, Göebbels tenait un conseil de guerre dans son bureau, auquel assistaient les officiers supérieurs, des représentants de la Luftwaffe et du service du travail, le Maire de Berlin, le Président de la Police, différents officiers supérieurs des SS et de la SA, le Standartenführer Bock, commandant en chef de la Volkssturm de Berlin, ainsi que des représentants des industries locales. Il apparaît que l’efficacité dont il fit montre dans son ministère de la propagande ne fut pas transférable à ses autres activités. A l’image de son maître, Göebbels donnait des ordres en tout sens, n’attendant souvent pas l’application de l’ordre pour donner le contrordre, interférant à tous les niveaux de commandement. Il se refusera jusqu’au bout à envisager l’évacuation de la population civile, mesure qu’il jugeait trop alarmiste, mais ne fit aucune provision en prévision d’un siège. Il prenait en revanche un intérêt évident pour les choses militaires, visitant la ligne de front fréquemment et consultant les officiers sur le terrain de manière nettement plus réaliste que ne le faisait Adolph Hitler 25.
Une des responsabilités de Göebbels en tant que Gauleiter de Berlin était la levée du quota de Volkssturm pour cette ville, censé prendre part au concept général de défense. Le Volkssturm avait été levé à l’automne précédent, sous la forme d’une garde nationale, destinée à la défense des localités et à construire des fortifications. Incorporés dès l’age de 16 ans, tous les hommes capables de porter une arme, sans être apte au service actif se trouvaient regroupés dans le Volkssturm. La grande majorité du Volksstrum se composera de vétérans de la Première Guerre Mondiale. Ceux-ci étaient organisés en compagnies et bataillons dans leur districts d’origine, sans plus de précision, ce qui fait que les bataillons de Berlin auront des effectifs variables allant de 600 à 1.500 hommes. Les commandants d’unité étaient nommés par le parti, certains étant des vétérans dotés d’expérience militaire et d’un sens du devoir, d’autre n’étaient que des soldats politiques. La Wehrmacht n’avait aucune autorité sur le Volkssturm – organisation politique par excellence – qui devait être équipée, armée et entretenue par les ressources locales. La seule pièce d’uniforme commune à tous ces « volontaires » était un brassard, les uniformes étant plus que variés –on vit ainsi des combattants dotés de battledress Anglais – voire inexistants.
On discernera deux catégories de Volkssturm, la première composée d’hommes en armes, et la seconde, destinée à remplacer la première, dans les deux cas, la dotation d’armement était plus que variable et aléatoire. Il fut ainsi rapporté que dans un bataillon, une des compagnies disposait de deux fusils, une autre avait reçue en dotation des fusils italiens, avec une poignée de munition par fusil, une troisième s’était vu remettre quelques pistolets-mitrailleurs, un vieux canon antichar et une brassée de fusils italiens. En revanche, les Panzerfaust et Panzerschreck étaient disponibles en grande quantité, bien que leur distribution, une fois de plus se révèle par trop inégale. L’instruction des recrues avait lieue le week-end et le soir, lorsque les travaux de fortification cessaient, certains privilégiés eurent droit à une formation de trois jours dans un camp des SA, aucune unité du Volkssturm ne reçut un entraînement permettant de faire face aux combats à venir. Au vue de cela, il est surprenant de constater que plusieurs unités du Volkssturm, engagées sur la ligne de front de l’Oder se comportèrent brillamment 26.
L’officier commandant le 42ème Bataillon du Volkssturm se souviendra :
« J’avais quatre cent hommes dans mon bataillon, et nous reçûmes l’ordre de monter en ligne dans nos vêtements civils. Je déclarai au chef local du Parti que je ne pouvais accepter la responsabilité de mener des hommes au combat sans uniforme. Juste avant d’être engagés, nous reçûmes 180 fusils Danois, mais aucune munition. Nous avions aussi à notre disposition quatre mitrailleuses et 100 Panzerfausts. Aucun des hommes sous mon commandement n’avait reçu quelque formation que ce soit en terme de maniement de mitrailleuses, les armes antichar les effrayant. Bien que mes hommes aient étés désireux de faire quelque chose pour leur pays, ils refusèrent de monter en ligne sans uniforme et sans entraînement. Que pouvait faire un homme du Volkssturm avec un fusil, mais sans munitions ? Les hommes rentrèrent chez eux, c’est en fait la seule chose qui leur restait à faire 27. »
Le docteur Johannes Stumm, qui avait été renvoyé de la Police de Berlin par ordre de Göring à cause de ses activités antinazies et devait par la suite devenir Chef de la Police sous l’impulsion des alliés occidentaux rapportait :
« je us éviter de joindre le Volkssturm, alors que je me trouvais incorporé dans la seconde levée. Je devais prendre la tête d’une compagnie de la seconde levée du Volkssturm, et ceci bien que je n’ai servit que quelques semaines en qualité de chauffeur dans une unité motorisée, que je ne fusse pas membre du parti, et que je n’ai été que sous-officier en 1917. Je commençais par me faire porter pâle. Le 22 avril, je reçus l’ordre de réunir ma compagnie et de me porter vers les combats, je me contentais d’ignorer cet ordre, la compagnie, de ce fait évita le combat 28. »
Toutes les unités du Volkssturm ne furent toutefois pas aussi mal loties. Ainsi, la puissante Société Siemens fut à même d’aligner un Bataillon de 700 hommes, raisonnablement bien équipé sous le commandement de vétérans de la Première Guerre Mondiale, à trois compagnies de fusiliers ; une compagnie d’armes de soutien, et une compagnie d’artillerie de campagne, tous ces effectifs recevant une ébauche de formation sur la zone qu’ils étaient censés défendre 29. Ceci est une exception , les unités restantes du Volkssturm de Berlin constituant un facteur défensif plus qu’incertain.
Toutefois, le Volkssturm ne représentait pas les seules ressources sur lesquelles le Parti pouvait compter. Un autre fonctionnaire de tout premier pan, le Reichjugendfûhrer Arthur Axmann, qui avait exhorté la jeunesse allemande en ces termes au mois de Mars 1945 « Il ne peut y avoir que la victoire ou l’annihilation. Ne connaissez aucune limite dans l’amour de votre peuple, de la même façon, n’ayez pas de limite dans la haine de vos ennemis. C’est votre devoir de veiller lorsque les autres faiblissent, de tenir lorsque les autres plient. Votre plus grand honneur est votre fidélité inébranlable à Adolph Hitler 30 »
Les Hitlerjugend, incorporant généralement tous les jeunes allemands agés de 14 à 18 ans, avaient joués une part active dans l’effort de guerre, particulièrement en terme de défense active, au cours desquels ils eurent essentiellement des taches de messagers et des missions de sauvetage. Puis, en 1943, les adolescents furent envoyés dans la Flak pour servir les pièces antiaériennes et libérer ainsi les adultes et les envoyer au front, ceci étant d’autant plus nécessaire que les offensives aériennes alliées ne cessaient d’augmenter. Axmann engageait maintenant ses jeunes en tant que fantassins, acte criminel s’il en est , dans la mesure ou la moyenne d’age des HJ au cours des dernières années était tombée de façon dramatique, des enfants de 12 à 16 ans étant désormais censés prendre les armes et combattre comme des adultes. Ce faisant, ils risquaient de se faire soit tuer par l’ennemi, soit pendre à un lampadaire pour désertion. Mélangés à des Waffen-SS et à des troupes de la Wehrmacht, ils combattirent toutefois avec un fanatisme qui surprit leur adversaire presque autant que l’insensibilité de leurs chefs. Inutile de le dire, les pertes subies par les HJ pendant la bataille de Berlin seront terribles 31.
Lothar Loewe relate son expérience :
Le 5 mars, la troisième vague du Volkssturm, les hommes nés en 1929, donc tous les adolescents de 15 et 16 ans, membres des Hitlerjugends et chefs dans le Deutschen Jungvolk furent appelés sous les armes. Par chance, je rencontrai un ancien camarade de classe, Erhard Meissner, qui, en qualité de sous-lieutenant était chargé de l’entraînement de 500 jeunes assistants servants de Flak et Hitlerjugend au camp d’entraînement de Döberitz.
Les assistants de Flak reçurent un entraînement au maniement des pièces de 88mm en tant qu’armes antichar. Quand à nous, Hitlerjugend devions défendre la capitale Berlin en équipes de chasseurs de chars, équipés de Panzerfaust et de pistolets mitrailleurs Italiens. Des sous-officiers expérimentés conduisaient notre formation. Le commandant de notre unité, qui prit le nom de « Unité antichar III de la Forteresse Berlin » était le Major Théodor Baechle, un officier très décoré et prévenant, de surcroît Prêtre dans le civil.
Le 17 Avril, notre unité se porta sur Berlin. Je fus rattaché au Major Baechle avec un autre camarade en qualité d’estafette. Notre premier poste de commandement fut placé dans le bureau de la météo du Reich à l’aéroport de Tempelhof 32. »
Depuis son Quartier Général situé sur le Kaiserdamm, puis dans un Bunker de la Wilhelmnstrasse, Axmann procéda à l’organisation des unités de Hitlerjugend locales afin de prendre part à la défense de la ville. Les garçons reçurent des fusils, grenades et Panzerfaust, leurs compagnies étant ensuite envoyées vers des secteurs défensifs, à un régiment spéciale de Hitlerjugend, chargé de défendre les ponts sur la Havel en face de Spandau le 23 Avril, ou dans la « Brigade Axmann » qui apparue dans la région de Strausberg le 21 avril, et incluait une unité de chasseurs de char équipés de Panzerfaust et montés sur Bicyclettes 33.
Les filles n’étaient pas exclues de la levée en masse, on leur réservait un rôle de défense avec des grenades et des cocktails molotovs, aucune tentative sérieuse n’étant toutefois montée pour les engager en unités constituées du Bund-Deutscher-Mädel (Ligue des Filles d’Allemagne) ; toutefois, il apparaît que quelques unes participèrent à la défense de la Rotes Rathaus (mairie rouge) en tant qu’estafettes, etc.. Plus tard, dans la bataille, les secrétaires et autres personnels féminins furent encouragées à rejoindre la mythique unité « Mohnke » comme combattants 34.
Le Reichsführer-SS et Commandant en chef de la Police du Reich, Heinrich Himmler, qui était aussi ministre de l’intérieur disposait de plusieurs de ses unités de la Allgemeine-SS et Waffen-SS dans la ville de Berlin. Les éléments basés à Berlin de la Panzergrenadier Division « Leibstandarte-SS Adolph Hitler », qui fournissait la Garde de cérémonie de Hitler, ses gardes du corps et serviteurs, forte d’environ 1.200 hommes, certains disposant d’une expérience militaire, se trouvaient placés sous le commandement du SS Major-Général Wilhelm Mohnke, responsable de la défense de la chancellerie. Avec ces éléments plus ceux issus des dépôts de Spreenhagen, le Régiment « Anhalt », fort de deux bataillons, portant le nom de son commandant, le Colonel SS Gunther Anhalt fut formé pour la protection du secteur « Zitadelle ». Un second régiment, lui aussi à deux bataillons fut formé à partir d’éléments de la Allgemeine-SS, il semble toutefois que ces personnels n’aient étés utilisés que dans la défense de leur porpre bâtiments. La propagande de Göebbels ajouta un mythique « Freikorps Adolph-Hitler », fort de 2.000 volontaires, affluant de tout le pays pour défendre leur Führer et un « Freikorps Mohnke » -« amenez vos propres armes », tout cela restant de la pure fantaisie. Le régiment Anhlat était responsable du secteur à l’ouest de la ligne Nord-Sud formée par la Friedrichstrasse et englobait tout le Tiergarten. Lorsque le Premier Bataillon fut retiré au soir du 23 avril pour constituer une réserve de contre-offensive dans la Frankfurter – Allee, le second bataillon se retrouva seul pour couvrir tout le secteur, ce qui obligea à adopter un dispositif de deux hommes tout les 50 yards dans le Tiergarten, et une concentration un tout petit peu supérieure autour des Ponts sur la Spree 35.
D’autres unités de SS furent utilisés comme noyau des forces de défense dans différents secteurs, certains SS et Feldgendarmen (Police Militaire) se voyant confier la tâche de chasser les déserteurs et pillards. La Police et les Pompiers, passés sous l’empire tentaculaire de Himmler formèrent des unités combattantes destinées à assister les défenseurs, dans le même temps, ces hommes devaient maintenir leur mission en l’état.
Disponibles aussi pour la défense de la ville, les compagnies de protection d’usines, maintenues à grand frais par les entreprises, y compris la poste et les chemins de fer. Ces gardes toutefois, recrutés parmi les anciens combattants, dotés d’un vieux fusil dans le meilleur des cas ne présentaient qu’un intérêt combatif limité 36.
Un des aspects les plus inhabituels de l’influence politique sur la défense de Berlin fut le mélange de membres de différentes organisation au sein d’une même unité ou d’une position fortifiée. Ce faisant, on vit des membres de la Waffen-SS, de la Wehracht, du Volkssturm et des Hitlerjugend combattre côte à côte. Si d’un certain côté, le moral des défenseur se trouvait relevé par l’apport de troupes d’élite, il n’en reste pas moins vrai que la fonction de commandement s’en trouvait encore pénalisé 37.
La loyauté sans faille exigée par Hitler à son entourage immédiat fut curieusement illustrée par des gens tels que Albert Speer, ministre du Reich pour l’armement et la production de guerre. L’intérêt que portait Hitler à l’architecture avait grandement favorisé la carrière de Speer au sein du troisième Reich. Ayant attiré l’attention de Hitler au cours des travaux de construction de la nouvelle chancellerie du Reich, qui fut, sous ses ordres achevé en un temps record, Speer devint bien vite un des intimes, travaillant, sous la direction de son maître à la transformation grandiose de Berlin et à plusieurs autres projets, jusqu’à ce que la guerre n’enterre la majorité de ces projets grandioses. Puis, lorsque le Dr Fritz Todt, Ministre de l’armement et des Munitions, tête pensante de la titanesque Organisation Todt se tua dans un accident d’avion en février 1942, Hitler nomma Speer à son poste, en faisant un des hiérarques de l’état Nazi 38.
En un temps remarquablement court, les méthodes administratives de Speer obtinrent des résultats incroyables en terme de production de guerre, et ceci malgré l’intensification des offensives aériennes alliés. Bien que restant fidèle à la personne de Hitler, Speer réalise rapidement l’étendue du dilemme auquel l’Allemagne fait face. A compter de février 1944, il s’oppose systématiquement à la politique de « terre brûlée », ayant réalisé combien la reconstruction d’après-guerre serait difficile. En réussissant à convaincre des Chefs du Parti et des Officiels localement à ne pas appliquer ces ordres, essentiellement après que Hitler les réitère le 20 mars puis le 4 avril 1945, Speer obtint des succès considérables à la fois en Allemagne et dans les territoires occupés 39.
D’après ses déclarations, en Février 1945, Speer serait allé jusqu’à considérer l’assassinat de Hitler en introduisant un gaz mortel dans le système de ventilation du Führerbunker, mais en aurait été empêché par la construction d’une cheminée écran après que le système n’ait été pollué par des émanations fumigènes extérieures. Bien que ne sachant rien de ce complot, Hitler était au courant des activités de son Ministre, de son manque de foi en la victoire ultime, mais semble avoir opté pour l’ignorance de cette trahison, tout en prenant des mesures pour diminuer l’influence de Speer 40.
Puis, le 15 Avril, Spreer apparu au Quartier Général du Colonel-Général Gotthardt Heinrici, commandant le Groupe d’armée « Weichsel » près de Prezlau, au cours d’une visite du Général Reymann afin de discuter de l’allocation des troupes du front à la défense de la ville. Heinrici, bien que concerné par la défense de la ville n’avait reçu aucun ordre spécifique la concernant, et ne savait pas non plus qu’il lui fallait détacher une partie de ses hommes à la défense du « Festung Berlin ». Il se trouvait néanmoins totalement opposé à l’idée d’exposer les populations civiles aux conséquences d’un combat de rues si l’option de défendre la ville en profondeur était retenue, et conseilla à Reymann de limiter la défense au périmètre extérieur de la capitale. En cas de percée des Soviétiques sur l’Oder, Heinrici proposa de déplacer ses troupes hors de Berlin, plutôt que de les engager dans la défense de la ville 41.

Speer avait déjà comploté avec Heinrici pour protéger les industries de Silésie et savait désormais par Reymann qu’il fallait détruire tous les ponts de Berlin. Il avait de ce fait amené avec lui deux experts, Langer le superintendant du réseau routier de la ville et Beck de la Reichsbahn. Tous deux s’employèrent à expliquer que les ponts n’étaient pas uniquement là pour permettre aux piétons, véhicules, trains et tramways de passer, mais qu’ils reflétaient une importance vitale en tant qu’artères de transport pour le gaz, l’électricité, l’eau et les égouts, en conséquence leur destruction serait quasiment intolérable pour les citoyens. Reymann finit par se rendre aux arguments de Heinrici, acceptant d’enlever les charges explosives et de ne détruire les ponts que lorsque le cours des opérations militaires l’exigerait. Suite à ce meeting, seul 127 des 483 ponts de Berlin furent détruits par les Pionniers de Reymann. D’après Speer, Langer et un autre fonctionnaire de la ville, Kumpf mirent tout en œuvre pour empêcher les démolitions, même au cours des combats, il existe encore de nombreuses autres preuves de ces activités 42.
Dans le même temps, l’augmentation des destructions dans la ville, ainsi que la lente mais irrémédiable diminution du niveau de vie des habitants se faisait sentir à chaque fois que ceux-ci émergeaient de leurs abris entre deux raids aé
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